La patrie ou la mort , nous vaincrons.
Thomas Sankara

Thomas Isidore Noël Sankara voit le jour en 1949 à Yako , dans la région Nord du Burkina Faso, la Haute Volta. Il est l’un des douzes enfants d’une mère Mossi, le groupe ethnique le plus présent du pays. Son père , Joseph Sankara, est Peul. Il est un ancien combattant et prisonnier de la Seconde Guerre mondiale , un tirailleur Sénégalais.
Loin du monde politique, Thomas souhaite d’abord devenir chirurgien . C’était sans compter sur la corruption qu’il connaît déjà très tôt.. En effet, la bourse qui aurait dû lui permettre de suivre un parcours de médecine lui a été volée par un autre élève, dont la famille connaît bien les rouages de la corruption.
Il commence donc en désespoir de cause une formation à l’école militaire inter-armes de Yaoundé au Cameroun et termine par l’école militaire d’Antsirabe à Madagascar. C’est là bas qu’il assiste au grand tournant Malgache vers le socialisme, ce qui le passionne. Il y perfectionnera également son Français, et deviendra le grand orateur que l’on connaît aujourd’hui dans cette langue.
Thomas est un élève exemplaire , pour cela on lui offre le commandement le plus prestigieux de l’armée. Il devient le militaire le plus célèbre de la Haute Volta et a la chance de pouvoir lui-même sélectionner son adjoint, son fidèle ami : Blaise Compaoré ( l’homme qui lui succédera dans les conditions que nous verrons). Ensemble, ils formeront le Regroupement des officiers communistes (ROC), très orienté à gauche voir extrême-gauche, dont les autres membres les plus connus sont Henri Zongo et Jean-Baptiste Boukary Lingani.
Son entrée au pouvoir
L’engagement politique de Thomas Sankara débute en 1981 lorsqu’il est nommé secrétaire d’état puis ministre. Il prend le pouvoir par un coup d’État le 4 août 1983 et lance la révolution Burkinabé.
Il a à ses côtés les deux partis révolutionnaires influents de la capitale : l’Union des communistes Voltaïque, de tendance maoïste, et le Parti de l’Indépendance Africaine.
Les couches les plus pauvres de la population sont ses partisans. C’est au son des instruments traditionnels et des claquements de mains qu’il entre au pouvoir. Les premiers signes du changement arrivent , la Haute Volta n’est plus.
La révolution sur tous les plans.
Le changement débute par un coup de maître qui a le mérite d’être clair. Toutes les Mercedes que possédaient les membres du gouvernement sous l’ancien régime sont remplacées par des R5. Le but est de montrer la rupture avec les anciens privilèges. Désormais les ministres ne voyagent plus en classe affaire ou jet privé, ils voyageront tous dans les mêmes conditions que les touristes. Leurs indemnités sont aussi supprimées. La révolution sous-entend certains sacrifices qui commence par placer tout le monde sur un même pied d’égalité.
En tant que dirigeant il vous faut être à l’étage, ce qui vous permet de voir très loin ; mais de temps en temps, il faut descendre au rez-de-chaussée pour voir également dans la rue ce qu’y se passe.
Thomas Sankara
Dans le second volet de cet article qui ne saurait faire justice à la vie du fondateur de la « patrie des hommes intègres », nous découvrirons comment Sankara a lutté de front contre l’impérialisme qu’il jugeait comme son plus féroce ennemi et comment sa politique a marqué l’histoire d’une nation toute entière.
Thomas Sankara est un homme aux multiples combats. Entre autres, il se bat contre le détournement de fond, le capitalisme, le patriarcat, l’impérialisme, le colonialisme, le racisme… et il passe des mots aux actes.