H-A Logo histoires d'Afrique blanc
Par Bamby DIAGNE

Les poids d’or Akan

Le concept des poids à peser l’or n’est pas un phénomène unique, de nombreuses cultures à travers le monde en ont produit. Cependant, il semble y avoir quelque chose de spécial à propos des poids à peser l’or créés par les Akan, car leur but s’exprime à travers de nombreux supports culturels différents.

Aujourd’hui, nous allons voir comment les Akan ont brillamment mêlé culture et monnaie.

L’or et son symbolisme spirituel

Les descriptions culturelles des poids d’or ne font pas du tout mention des poids. En effet, les poids n’étaient pas considérés comme tels car ils avaient des usages très différents. Mais pour des raisons de compréhension et de communication, nous utiliserons ce terme.

Pour le peuple akan, l’or est la contrepartie terrestre du soleil. Il contient une force vitale et est très important pour représenter la royauté.

Cette importance spirituelle de l’or ainsi que le symbolisme qu’il revêtait, a conduit à ce qu’il soit la possession totale du roi au pouvoir, bien qu’il était de la responsabilité de ce dernier de veiller à ce qu’il reste abondant dans tous son territoire. En effet, l’Asantehene, le roi, est l’incarnation du soleil, la source de toute source de toute vie et garant de la prospérité au sein de l’état.

Surveillant son chef, un jeune porteur d’âme porte une coiffe en corne de bélier dorée, des amulettes en or et des plumes. Ces talismans protègent le chef contre tout danger.

Les poids à peser dans le quotidien Akan

Les poids à peser ont d’abord été développés pour réguler et mieux contrôler le commerce de l’or. Cependant, ils ont simultanément revêtu d’autres usages et porté un poids symbolique important dans la vie quotidienne et politique des Akan.

Il en existe 3 types.

  • Les poids avec graphisme
  • Les poids figuratifs
  • Les poids géométriques

« On dit que les poids étaient envoyés d’une personne à une autre pour transmettre des messages. Comme tout l’or appartenait à l’origine aux souverains, les poids servaient d’objets d’exposition et de statut pour les personnes de haut rang. Au 19e siècle, ils ont commencé à être utilisés par le grand public. »

Hope Weres

Les poids étaient généralement fabriqués avec un alliage original dont la composition était similaire à celle du bronze et du laiton.

Ils étaient produits par les Tounfoue, un groupe d’artisans, différent des forgerons et des bijoutiers. Afin de produire les poids, ces artisans utilisaient la méthode de la cire perdue, un procédé de moulage de précision.

Le paquet qui contenait le contenu que nous appelons aujourd’hui poids d’or était fait de peau d’animal. Dans le paquet, les Akan plaçaient des figurines et d’autres accessoires, notamment des pierres. Plus de 100 animaux sont représentés et la plupart d’entre eux sont associés à des proverbes akans bien connus.

Le déchiffrage de ces signes était considéré comme une sorte d’exercice intellectuel. Les poids d’or Akan étaient utilisés depuis le XIIIeme siècle mais les dates varient selon les sources.

« Il semble qu’il s’agissait d’une sorte d’encyclopédie écrite en figurines miniatures. Le paquet et son contenu symbolisaient l’économie le pouvoir du roi vivant et les esprits des souverains morts « 

Georges Niangoran-Bouah

Aspect commercial et économique

Le peuple Akan extrayait de l’or et en faisait le commerce à travers le Sahara, en Afrique du Nord.

Un ensemble de poids à peser l’or comprenait une balance, des cuillères pour ramasser la poussière d’or, des boîtes décorées de nombreux motifs différents, des paniers et des tamis pour séparer les différents grains de poussière d’or.

Les poids eux-mêmes déterminent la valeur de la poudre d’or et il en existe plusieurs versions.

Pour décrire les poids d’or, les baoulés utilisent différents termes comme Jayobwe, Sikayobwe , guayobwe et plus encore….

Jayobwe fait référence au contenu de l’emballage dans lequel les poids à peser l’or sont livrés. Le contenu de l’emballage transmet différents domaines de connaissance.

Le sikayobwe décrit le prix et est également lié à l’économie, aux calculs et aux mathématiques. Insaganbyobwe décrit le prix d’une amende, d’une taxe ou d’un tribut et concernerait également l’économie et la finance. Inguayabwe désigne les chiffres représentés dans les sciences graphiques.

Leur usage fut particulièrement courant du XVème jusqu’au début du XXème siècle environ bien que leur commerce eut été développé à une date bien antérieure.

À la fin du XIVème siècle, l’or des mines akan commença à être exporté vers le nord. Pour s’adapter aux normes du Sahel, les Akan fabriquèrent deux sortes de poids : l’une basée sur l’once islamique, et l’autre basée sur le mithqal de poudre d’or (4,5 gr. environ). Quand les Portugais commencèrent à échanger avec les Akan, ceux-ci créèrent d’autres poids conformes à l’once portugaise. Ils firent de même après 1600, pour les Néerlandais.

Le poids d’or comme patrimoine culturel

Comme mentionné plus haut, ces poids n’ont pas seulement une fonction pondérale. Que leurs motifs ornementaux soient abstraits ou figuratifs, ils sont porteurs de sens.

Ainsi, la svastika (croix gammée) symbolise la dualité des éléments du monde : mort/vie, bien/mal, mâle/femelle… Des oiseaux perchés ensemble illustrent le proverbe « Oiseaux de même plumage s’assemblent », évocation de la solidarité tribale et familiale; c’était d’ailleurs un des emblèmes de la nation ashanti.

Le propriétaire d’une série de ces poids possédait donc non seulement des objets fonctionnels, mais il disposait en quelque sorte d’une « bibliothèque » permettant de mémoriser un savoir quasi encyclopédique.

Aujourd’hui encore, nombre d’Akan possèdent ce type de poids chez eux comme instrument décoratif et élément de fierté culturelle. Leur usage est certes, très différent de celui d’antan, mais les poids d’or demeurent les témoins d’une période faste de la civilisation millénaire des Akan.

Populaires

Réseaux Sociaux

Newsletter

Sois toujours à la page

Pour ne pas louper nos nouveautés !

Ici pas de spams, c’est un mail par semaine !

Categories

Tendances

Articles similaires

Thomas Mapfumo chanteur concert

Thomas Mapfumo, l’héritage d’un artiste révolté

Pour se pencher sur le fameux personnage de Thomas Mapfumo, il est important de faire

Sarah Baartman la vénus Hottentote

Sarah Baartman

Les zoos humains pendant la traite négrière Nous sommes en 1810, pleine période d’esclavagisme et

Projection de Africa Mia, film documentaire sur Las Maravillas de Mali. Ciné Scred.

Projection Cine SCRED : Africa Mia

C’est au centre Curial, dans le 19ème arrondissement parisien que nous nous sommes retrouvés le