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Par Bamby Diagne

Le N’tomo, société d’initiation des enfants mandingues

L’Afrique regorge de sociétés d’initiation vouées à assurer le maintien de la communauté, réunie autour d’une philosophie commune. Le monde Mandé associe de nombreux peuples animés par une croyance commune en une entité divine transcendantale, Maa Ngala. Pour accéder à la connaissance de cet être suprême, l’homme pourvu du souffle de vie se doit de parvenir à la compréhension du monde qui l’entoure en accédant à la lumière de la connaissance. Cette source achèvera son initiation en l’informant sur la nature de son être et de son environnement. Ce parcours initiatique s’étend de la naissance jusqu’à la disparition physique de l’homme.

La croyance endémique mandingue soutient l’émergence de l’esprit dans un monde spirituel, soumis à la fusion du corps avec la divinité suprême, Maa Ngala. Ces paradigmes sont partagés par un ensemble culturel, les Mandingues, représentés par les Malinkés, les Bambaras, les soninkés… Selon ces peuples, l’existence se décompose en étapes distinctes incarnées par 6 sociétés d’initiation singulières : le N’tomo , le Komo, le Nama, le Kono, le Tyiwara et le Korè.

Le N’tomo est la société d’initiation primordiale symbolisée par le « N’tomo kun » masque récréatif et éducatif réunissant une communauté de jeunes garçons incirconcis.

Cette école était autrefois largement répandue dans un espace fluctuant au fil de l’histoire qui correspondait à une grande partie du Mali, le nord-est de la Guinée, le Nord de la Côte d’Ivoire, territoire dans lequel était partagé un art de vivre commun : la bamanaya. Celle-ci s’était façonnée sur près de deux millénaires au rythme des contacts entre les entités politiques d’Afrique de l’Ouest.

Ces populations de langue mandingue, sujets de l’empire de Ghana (3e-12e siècle) puis de celui de Mali au 13esiècle, ont construit une culture philosophique d’études et d’analyse des éléments qui sous-tendent le monde ainsi que tout un ensemble de pratiques rituelles exécutées quotidiennement dans une quête du bonheur.

Le N’tomo, première société d’initiation de cette école de la vie, est organisé autour d’une devise : « Tenir sa bouche ».

Cette étape d’initiation est incarnée, matérialisée par ce masque à branches muni d’une petite bouche comme marquant le signe d’une parole maîtrisée.

Le N’tomo kun célèbre l’enfance, cette étape où le jeune enfant innocent apprend que l’usage de la parole et son impact dans son existence peuvent être considérables.

S’éduquer, c’est « s’alourdir la bouche » (k’i da giriya), sagesse dont la portée parcourt toute la période du Ntomo. L’épreuve de la flagellation reflète cet engagement scrupuleux qui malgré la douleur affirme cette détermination à la maîtrise du corps et de l’esprit.

Le N’tomo formait les jeunes garçons non circoncis, entre 6 et 13 ans. Les enfants m enrôlés dans la société d’initiation, le sont jusqu’à l’âge de la circoncision qui symbolise leur entrée dans le monde adulte. Le N’tomo permet aux enfants de suivre un apprentissage sur l’origine de l’homme et sa place dans cette existence.

Cet enseignement se divise en plusieurs phase : 

  • le niveau du crapaud incarne le sujet de la vie et de la mort ;
  • le niveau de l’oiseau est un enseignement sur tout ce qui est subjectif, en rapport avec la pensée humaine ;
  • le niveau de la poule induit des relations entre les hommes et le cosmos ;
  • le niveau du chien illustre le concept de la domestication, faisant appel à l’aspect social de l’homme.

N’tomo signifie en bamana « jujubier ». Le terme désigne l’arbre sur lequel étaient offerts les sacrifices de la société d’initiation. N’tomadyiri -littéralement l’arbre du N’tomo – est l’ancêtre des forgerons et créateur de cette société. Il est aussi considéré comme « l’inventeur de l’esprit de l’homme ». Selon les sources orales recueillies par Dominique Zahan, N’tomadyiri fut le premier à ébaucher le masque et à consolider les règles de l’enseignement.

Le N’tomo s’articule autour de la connaissance de soi, élément nécessaire pour affronter les épreuves de l’existence. Cette parole dont la charge spirituelle est considérable revêt une importance primordiale dans la compréhension des communautés mandés.

Savoir tenir sa bouche l’utiliser à bon escient relève de la connaissance de soi et d’une caractéristique décisive dans l’expression de l’homme. Cette société d’initiation se termine suite à de nombreuses épreuves et enseignements qui prépare le jeune incirconcis au monde adulte.

Dans la phase du N’tomo, qui dure environ 7 années, les jeunes garçons ont de nombreuses tâches qui leurs sont assignées comme le fait de rendre service à leurs ainées dans l’agriculture. De plus, une jeune petite fille de la même tranche d’âge leur est assignée afin qu’il puisse la protéger et lui assurer quelques services.

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