Les zoos humains pendant la traite négrière

Nous sommes en 1810, pleine période d’esclavagisme et de traite négrière. À cette époque, les zoos humains existaient. Il s’agissait de parquer et exposer des hommes et femmes noirs dans des boxs ainsi que dans des cages pour les exposer à la population blanche de la ville. C’était donc pour cette dernière une animation, un divertissement, l’occasion d’observer plus en détail la curiosité biologique qu’était l’Homme noir ainsi que son mode de vie.

Sarah Baartman, le phénomène

C’est ici que nous croisons le chemin de Sarah Baartman, elle est une jeune esclave de 25 ans originaire du Cap. Son « maître » l’emmène à Londres en 1810 où, sous le nom de Saartjie Baartman, elle devient une attraction. Puis elle est exposée en France, la France de Napoléon , ouvertement raciste. Son cas est particulier, Sarah est exposée seule dans une cage à la vue de milliers de personnes se déplaçant de très loin pour l’observer. Ce qui suscite autant sa célébrité, c’est sa morphologie. On considérait que ses organes génitaux étaient distendus, disproportionnés, elle représentait l’archétype de la femme noire. Elle était souvent contrainte de participer à des “shows” la mettant en scène, censés représenter la culture africaine, mettre en valeur la sauvagerie et le côté primitif de l’Afrique.

À ses dépens, Sarah a permis de prouver que l’Africain était plus proche de l’animal que de l’Homme. En 1815, Geoffroy Saint-Hilaire, professeur de zoologie au muséum d’histoire naturelle, examine Sarah et affirme qu’elle est le spécimen d’une nouvelle « race »,  et qu’elle s’apparenterait aux singes et aux orangs-outangs. Sarah fut également exploitée sexuellement. 

Elle décède après 5 ans de cette vie d’esclave, ses conditions de vie et traitement ayant joué un grand rôle dans son décès. Après la mort de Sarah, son corps à été disséqué en 1816 par Georges Cuvier , et ses organes génitaux furent découpés puis placés dans des bocaux de formol. En 2012 cependant , la découverte d’un document prouve que d’autres éléments corporels de la Vénus noire ont été disséqués et placés dans des bocaux de formol : ses yeux , la masse graisseuse de ses fesses et de ses seins , son cœur , ses viscères … Les organes ont été présentés dans la galerie publique d’anatomie comparée et au musée de l’Homme à Paris jusqu’en 1879 .

En 1994, le président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, demandera à la France la restitution des organes de Saartjie, mais les scientifiques Français refusent , sous prétexte qu’elle aurait appartenu à l’État. C’est en 2002 que sa dépouille a finalement été restituées à l’Afrique du Sud puis inhumées. Voici l’article de loi énoncé par Mr Jacques Chirac, qui annonce la restitution et avoue par conséquent que durant 212 ans, le corps de Sarah Baartman a appartenu à la France :

“ À compter de la date d’entrée en vigueur de la présente loi, les restes de la dépouille mortelle de la personne connue sous le nom de Saartjie Baartman cessent de faire partie des collections de l’établissement public du Muséum national d’histoire naturelle.”

Pendant plusieurs années de sa vie et même après sa mort, Sarah Baartman a été un objet de spectacle, du simple fait de sa couleur de peau. La question demeure : combien reste-t-il “d’objets” stockés dans les caves des musées Français ou Occidentaux, à rendre à leurs peuples ?