Enfin libre. Enfin libre, merci Dieu tout-puissant je suis enfin libre.
Martin Luther King Junior dans son discours intitulé « I have a dream. »

Tous groupes ethniques à travers l’histoire ont subi les affres de l’esclavage, seulement, lorsque nous employons ce terme il est très vite rattaché aux traites négrières qui pendant plusieurs siècles ont lié par une histoire indélébile trois continents. Nous nous pencherons dans cet article sur le continent africain exclusivement afin de mieux appréhender le phénomène de traite négrière transatlantique que nous connaissons tous et toutes, du moins de nom.
Tout d’abord, étaient esclaves sur le continent africain les captifs de guerre, les personnes purgeant une peine judiciaire et les descendants de parents eux-mêmes esclaves. Au sein des royaumes et peuples composant l’Afrique féodale, un esclavage dit « domestique » était pratiqué. En effet, les esclaves étaient rattachés à la famille du maître et pouvaient jouir de certains « droits » comme le fait de commercer ou cultiver.
Ces esclaves étaient aussi bien de simples domestiques que des soldats, comme dans l’empire du Mali où ces derniers étaient au service de la couronne. Ils composaient une force militaire importante pour le vieil empire. Des possibilités d’affranchissement étaient toutefois possibles, que cela soit par le rachat de sa liberté, un service rendu au maître ou bien l’oubli du statut d’esclave à travers le temps.
La traite Orientale, présente du VIIème siècle au XX ème siècle est la plus longue enregistrée. Les esclaves étaient acheminés par bateaux situés le long des côtes orientales de l’Afrique, vers les lieux où il devaient être vendus. D’autres encore se voyaient forcés de traverser le Sahara à pied dans des conditions extrêmement rudes.

Les historiens estiment que le pic de mortalité de cette traversée s’élevait de 6 à 20%. Les hommes étaient destinés à travailler dans les Bassorah : des plantations; ou bien; dans le transport des marchandises et enfin comme soldats. Les femmes étaient destinées aux travaux domestiques et n’étaient pas épargnées par l’esclavage sexuel et il n’était pas rare qu’elles constituaient des harems déstinés à assouvir les désirs charnels de riches commerçants ou des hommes de la cour.
Entre la fin du XVème et le début XVI ème siècle, les Portugais récupèrent les circuits de la traite orientale car il y avait une grande demande de serviteurs noirs en Europe. Cette mode est aux prémisses de la traite européenne. Concernant la France, c’est à partir des années 1670 que le phénomène commence à prendre de l’ampleur notamment avec la publication du Code Noir en 1685 de Colbert censé régir l’organisation de la traite et la vie dans les colonies.
Il y avait peu de captures directes, les européens faisaient appel le plus souvent à des rabatteurs eux-même africains. Ces rabatteurs ciblaient en particulier les gens en bonne santé qu’ils acheminaient vers les côtes pour recevoir leurs paies. Les paies se composaient de tissus, d’armes à feu, d’alcool ou de produits de quincaillerie.
Les esclaves étaient par la suite placés dans des esclaveries similaires à celle de l’île de Gorée au Sénégal, où les conditions étaient plus qu’insalubres. Le capitaine et le médecin du navire négrier procédaient à un examen médical et au marquage au fer rouge des esclaves avant de les faire embarquer pour la grande traversée vers les Antilles, le Brésil ou encore l’Amérique du nord.
Ce que nous nommons commerce triangulaire, était à l’époque des voyages commerciaux reliant l’Europe, l’Afrique et les Amériques avec à chaque continent une rotation des marchandises. Les comptoirs commerciaux se trouvaient essentiellement sur la côte ouest du continent africain, bien que certains ports de la côte Est comme Zanzibar soient tristement connus.

La traite était donc normalisée, légitimée par la religion dès 1454 avant d’être condamnée en 1839 par la papauté. Nous devons noter cependant que des résistances très fortes aux traites négrières ont toujours eu lieu que cela soit à l’intérieur ou à l’extérieur du continent.
Les traites négrières sont responsables d’une baisse des naissances en Afrique durant l’époque Moderne, d’une augmentation de la polygamie et de la gérontocratie.
Au XIX ème siècle, suite aux abolitions des traites en Europe mais une poursuite officieuse de certaines compagnies, certains territoires africains firent de l’esclavage le moteur principal de leur économie comme le Dahomey (actuel Bénin) au XVIII ème siècle. Ce phénomène de traite interne se retrouvait notamment en pays Swahili. La classe marchande tendant à s’enrichir de plus en plus via les traites, un phénomène de déclin de pouvoir des autorités traditionnelles s’en est naturellement suivi.
Certains marchands composèrent de grands empires commerciaux, comme le fit Tippou Tip, grand marchand de la côte Est né en 1832. Les traites étant abolies, il fallait trouver un autre dispositif pour continuer à s’enrichir. L’Idée était de faire travailler les africains chez-eux et de mettre en valeur l’Afrique : c’est ce qui posa les premiers jalons de la colonisation au XIXème siècle.

Nous voyons donc, que les traites négrières à l’échelle du continent impliquent de nombreux acteurs, aussi bien européens qu’orientaux mais surtout africains. Aujourd’hui encore dans certaines régions du monde, les descendants d’esclaves sont stigmatisés ou continuent d’être esclaves malgré les restrictions internationales. C’est le cas dans certaines zones du Sahel, en Libye ou encore en Mauritanie.
Bien qu’un devoir de mémoire ait été entamé ainsi qu’une prise de conscience suivie d’actes de reconnaissances les descendants d’esclaves et plus largement tous les africains confondus semblent par moment hantés par ce passé sombre de leur histoire où des noirs africains vendaient sciemment leurs congénères et s’enrichissaient grâce à ce commerce.
Nous ne pouvons pas faire table rase de notre passé mais nous pouvons en tirer les conclusions nécessaires pour établir des bases plus sûres, raisonnables et pérennes pour l’avenir.
Source : Cour de la faculté d’Aix-Marseille, C.ATLAN.