
Nous connaissons au moins tous plus ou moins de nom, cette désormais lointaine compagnie « Air Afrique » qui a fait voyager et à lié le temps d’une époque faste, 11 états africains.
C’est en 1926 que débute son histoire dans les colonies françaises d’Afrique. La compagnie qui devient ensuite Transafricaine en 1928, cesse toutes activités à l’aube de la seconde guerre mondiale après avoir subie multiples transformations.
Cependant, c’est la plus récente compagnie qui traverse les esprits lorsque l’on évoque ce nom; l’Air Afrique du lendemain des indépendances.

Née le 26 juin 1961, la compagnie unit le destin du Cameroun, du Sénégal, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie, du Congo, du Bénin, de la Centrafrique, du Gabon, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso.
Cependant, la compagnie est vite rattrapée par la réalité. Un bon nombre de vols déficitaires, des malversations et magouilles en tout genre clui font traverser une période de crise vers les années 1985. Elle est définitivement liquidée le 14 août 2001.
Mais c’est en 2021 que le nom de cette compagnie qui a fait voyager des milliers d’Africains renaît de ses cendres, cette fois ci sous l’impulsion d’un collectif parisien qui rachète la marque 20 ans après sa chute.
Lamine Diaoune, Djiby Kebe et Jeremy Konko, les trois fondateurs, s’engagent désormais davantage sur les pas de Balafons, la célèbre revue de l’ancienne compagnie.
La nouvelle Air Afrique crée une plateforme culturelle qui célèbre la valorisation du patrimoine historique africain et stimule les conversations sur les récits afro-diasporiques actuels.

Air Afrique est donc de retour sous une autre forme certes, mais Air Afrique frappe fort. L’article de couverture du premier numéro présente Tiakola, un jeune musicien franco-congolais qui rencontre le succès avec ce qu’il appelle le « mélo », son rap hybride et très mélodique.
Dans l’article qui l’accompagne, la critique culturelle Noémie Taty rend hommage aux orchestres de rumba congolaise des années 1960 et 1970, comme l’African Jazz ou l’OK Jazz. D’autres éditoriaux emmènent le lecteur en voyage à Abidjan, à Dakar, en Seine-Saint Denis et en Martinique.
Bottega Veneta s’est associée au collectif Air Afrique, pour le lancement de son magazine éponyme.
Air Afrique s’adresse à tous ceux qui s’intéressent aux conversations culturelles, artistiques et politiques panafricaines historiques et contemporaines, tout en ciblant un public afro-descendant transgénérationnel, en particulier dans notre contexte français/francophone, où ces personnes ne se sentent plus connectées à la culture des magazines.
Ainsi, chaque numéro sera un mélange de documents d’archives issus du mécénat culturel de la compagnie aérienne et de contributions de nouveaux artistes et écrivains français, antillais et africains.
L’éthique qui sous-tend le magazine Air Afrique s’accorde parfaitement avec l’approche distincte de Bottega Veneta si l’on s’en fie à sa rédactrice en chef, Amandine Nana.

Il était pertinent, selon elle, pour Air Afrique de travailler avec une marque dont les précédentes collaborations montrent qu’elle est réellement engagée dans le soutien aux magazines indépendants qui apportent des perspectives sous-représentées dans l’environnement médiatique contemporain.
Bottega Veneta est l’unique annonceur du magazine et a créé une série d’images dédiées à la campagne. Les mannequins Dara Gueye et Rhenny Alade, photographiés par le Sénégalais Malick Bodian, portent des couvertures fabriquées à la main par le créateur soudanais Abdel El Tayeb, qui travaille dans l’atelier de la marque et dirige également sa propre griffe.

Le collectif Air Afrique prends également soin de rendre hommage à son prédécesseur, dont toute l’identité était profondément panafricaine.

Personnel de bord et esthétique vintage mises à l’honneur, le magazine travaille ainsi sur une véritable direction artistique propre à elle, renouant avec les joyaux de l’ancienne compagnie. Le format carré de 140 pages a déjà entamé les envois de son tout premier numéro vers ses adhérents, anciens ou nouveaux, ceux qui rêvent d’une époque lointaine, passée ou future, dans laquelle Air Afrique plane dans tout son éclat.